Paris, 2ème arrondissement, la petite Maria se réveille dans une minuscule loge au dernier étage du théâtre de la Michodière. Elle habite ici car son père est le gardien du théâtre, tandis que sa mère est femme de ménage. Ils ont tous deux fui le franquisme, l’Espagne, le Pays basque, Bilbao. Mais ça, Maria s’en soucie peu. Son enfance se déroule dans l’insouciance des spectacles, du public et des artistes qu’elle croise chaque soir, et qui nourrissent son imaginaire.
Toutefois, en grandissant, elle prend peu à peu conscience du décalage entre elle et ses petits copains de la cour de récré du 2ème arrondissement. La violence symbolique infiltre son quotidien, à l’école, en soirée ou chez ses amies. Maria donne le change et compense par son talent, elle qui a grandi au-dessus des planches, elle rêve maintenant de cinéma ! Mais alors qu’elle cherche un sujet pour un court-métrage, un secret bouleversant sur sa naissance fait irruption dans sa vie…
Johanna Boyé et Elisabeth Ventura adaptent brillamment le texte de Maria Larrea au théâtre pour un seule-en-scène très réussi. La mise en scène est minimaliste : seul un long voile central descend du plafond pour habiller la scène. Il scintille à la lumière, et contribue à rendre ce spectacle plus magique et onirique encore. Bérénice Bejo, grande comédienne, incarne une douzaine de personnages sur trois générations, multipliant les langues, les accents, les intonations, et donne à voir sur scène mille couleurs de sentiments. C’est un rôle de composition pour Bérénice Bejo, dont les parents ont fui l’Argentine à 35 ans avec leurs enfants de 2 et 3 ans, sa soeur et elle. Certes, le livre de Maria Larrea raconte l’histoire de parents émigrés espagnols, mais à travers eux, Bérénice reconnaît ses parents et ce spectacle leur rend le plus bel hommage.
Un conseil : revoyez vos vieux cours d’espagnol avant de venir. Un autre : allez-y vite avant que la programmation ne s’achève !