Il est assez contradictoire de voir la différence entre les personnes qui travaillent dans le théâtre — souvent économiquement précaires malgré des fonctions socialement prestigieuses — et le public des salles, généralement favorisé. Le théâtre se revendique pourtant « populaire » et « accessible à tous ». D’ailleurs, au milieu du XIXᵉ siècle, on jouait partout : dans les auberges, dans la rue, sur des tréteaux montés sommairement. Les comédien·nes n’avaient pas de respect particulier pour le texte, et le public — qui pouvait perturber voire interrompre les représentations — n’était pas spécifiquement bourgeois. Comment comprendre ce basculement ? Éléments de réponse avec le livre de la sociologue et historienne Marjorie Glas, Quand l’art chasse le populaire.