Avignon vous ouvre grand ses remparts du 5 au 26 juillet 2025, à l’occasion de la 79ᵉ édition du célèbre festival estival. À cette occasion, la ville se transforme en scène géante : dans les rues, les comédien·nes alpaguent les passant·es et tentent de les convaincre d’assister à leur représentation avec toujours plus d’originalité et de malice. Plus de 130 lieux accueillent chaque été plus de 1 000 spectacles en moins d’un mois. Le thème de l’année n’a pas encore été révélé, mais on sait déjà que la langue invitée sera l’arabe, en partenariat avec l’Institut du Monde Arabe.
Le Festival d’Avignon est fondé en 1947 par Jean Vilar, metteur en scène et comédien, qui souhaitait toucher un public jeune avec un théâtre novateur. Jusqu’en 1963, il réunit une troupe de comédien·nes pour jouer chaque été dans la Cour du Palais des Papes. Jean Vilar souhaite alors décentraliser le théâtre. Pour lui, c’est en province — considérée à l’époque comme un désert artistique — que le théâtre doit se renouveler. Cela fonctionne : chaque été, de plus en plus de jeunes envahissent la ville, dormant dans des campings, chez l’habitant, dans les écoles…
À partir de 1964, d’autres personnalités viennent suppléer Jean Vilar dans la gestion du festival, qui s’ouvre à d’autres disciplines sous l’influence d’une multiplicité d’artistes. Cela permet au festival de survivre à son fondateur, qui s’éteint en 1971.
Parallèlement, le « off » voit le jour : un regroupement épars de compagnies, d’abord locales, non invitées par la direction du festival mais désireuses de participer, elles aussi, à la grande fête estivale du théâtre.
Le « In », c’est une quarantaine de spectacles joués dans une quinzaine de lieux, attirant environ 120 000 spectateur·ices. Il s’agit de la partie publique du festival, autrement dit subventionnée, avec des tarifs accessibles : le prix moyen par billet est de 20 euros.
Tiago Rodrigues, actuel directeur du In, souhaite proposer « des pièces jouées pour la première fois » : 80 % des spectacles sont ainsi des créations. Les pièces du In sont exigeantes ; elles se veulent innovantes sur le fond, mais surtout sur la forme, et cherchent à être à l’avant-garde esthétique.
Le « Off », c’est l’autre visage du festival : plus de 1 500 spectacles joués dans plus de 250 lieux — théâtres, écoles, jardins, rues…
Au Off, il y en a pour tous les goûts : comédie, stand-up, théâtre classique, etc. Contrairement au In, les projets ne sont pas subventionnés. Les compagnies doivent d’abord être sélectionnées par les organisateur·ices, puis trouver les moyens de louer un théâtre — ce qui peut coûter entre 5 000 et 25 000 €, selon la taille, l’emplacement et les services inclus (régie, billetterie…). Elles doivent également loger et nourrir la troupe pendant trois semaines.
Le risque est donc immense, notamment à cause de la forte concurrence, mais l’enjeu est majeur : se faire repérer par les professionnel·les du théâtre, nombreux·ses à parcourir les salles du Off, pour espérer être programmé·e l’année suivante.
Avignon est, pour les artistes, un marathon, où il faut déborder de talent et d’énergie — sur scène comme en dehors — pour remplir les salles et éviter d’être dans le rouge financièrement.