Le public du théâtre en 2025 est jeune, féminin, connecté et curieux, mais il reste confronté à des inégalités de moyens et d’accès. En quoi le théâtre, lieu de parole et de lien, reste-t-il encore un privilège culturel ? À qui parle-t-il vraiment aujourd’hui, et qui reste à la porte ?
En mai 2025, l’ASTP (Association pour le Soutien du Théâtre Privé) et Médiamétrie ont publié la 4ᵉ édition de leur baromètre Les Français·es et le théâtre.
Menée auprès de 1 541 personnes âgées de 15 à 80 ans, l’étude dresse le portrait d’un public en mutation : plus jeune, plus connecté, mais toujours marqué par des fractures sociales et territoriales.
Près de 11,3 millions de Français·es sont allé·es au théâtre au cours des douze derniers mois, soit 22 % de la population.
Le profil évolue : 47 % ont moins de 35 ans, et l’âge moyen des spectateur·rices est tombé à 40,5 ans (contre 47 ans pour la population globale).
La fréquentation féminine progresse : 57 % des spectatrices sont des femmes.
Ce rajeunissement s’accompagne d’une forte sociabilité : 93 % y vont accompagné·es, souvent entre ami·es ou en couple, et 91 % en parlent ensuite, prolongeant l’expérience sur les réseaux sociaux ou dans leur entourage.
Les réseaux sociaux deviennent la première source d’information sur les spectacles (37 %), devant le bouche-à-oreille (33 %) et la télévision (31 %).
Le public du théâtre 2025 est donc socialement actif et numériquement engagé : il·elle consomme Instagram, TikTok, YouTube, écoute des podcasts, lit davantage la presse et les livres, et fréquente plus souvent les musées ou le cinéma.
Cette génération connectée recherche autant l’expérience que le contenu : elle veut rire, partager, réfléchir. Ainsi, l’humour, les comédies et les formes immersives figurent en tête des attentes.
Le théâtre reste perçu comme cher (69 %) et souvent difficile d’accès, notamment en région.
Près de 40 % des spectateur·rices vivent en Île-de-France, où se concentrent la majorité des productions et des institutions. Ailleurs, les opportunités se font rares, obligeant artistes et publics à multiplier les déplacements, au prix de la fatigue et du coût.
Malgré tout, 61 % des Français·es aimeraient aller au théâtre davantage : un signe d’attachement fort, et la preuve qu’au-delà des obstacles, le désir de culture reste bien vivant.