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Me Too Théâtre
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« Notre art consiste à nous dénuder », déclare la comédienne Jeanne Balibar dans un entretien pour Télérama. La vulnérabilité des comédien.nes sur le plateau se retrouve malheureusement aussi derrière le rideau : en coulisse, en répétition, dans les écoles de théâtre…  Si la vague Me Too a bien déferlé sur le monde du théâtre, nombreuses sont les associations qui dénoncent encore aujourd’hui l’inaction et l’hypocrisie du milieu.

© Christophe Petit Tesson / EPA


Quelles sont les spécificités du milieu du théâtre à même de créer un terreau favorable au VHSS (Violences et Harcèlements Sexistes et Sexuels) ? 

La difficulté de médiatisation.

Contrairement au cinéma, où les agresseurs jouissent d'une notoriété publique - coucou Weinstein, Polanski, Ruggia, Doillon, Jacquot... je vais m''arrêter là, vous avez compris qu'ils sont trop nombreux pour être tous cités - le théâtre est moins exposé. Cette relative confidentialité limite donc la médiatisation des affaires.

Dans ce petit monde, tout se sait…

Le théâtre s’appuie encore largement sur des réseaux de cooptation, avec des postes de pouvoir encore majoritairement occupés par des hommes. Cette dynamique renforce un système où les victimes, en dénonçant leurs agresseurs, prennent le risque de compromettre leur avenir professionnel.

Un métier de l’intime qui crée une zone floue entre le OK/pas OK.

Le théâtre exige un engagement émotionnel et corporel entier, où les limites personnelles peuvent être transgressées. Il n'est pas toujours discuté en amont ce qui va être vécu sur un plateau, et cela peut conduire à des situations non consenties. En effet, on inculque parfois aux artistes une culture du dépassement de soi qui masque des abus sous prétexte de "liberté créative"...

Collectif #MeTooThéâtre dans Les Histrioniques. © Alain Monot.


Des associations en luttent qui se heurtent à des institutions passives et à un milieu hypocrite.

Des collectifs comme MeToo Théâtre ou Derrière le Rideau se mobilisent pour recueillir les témoignages de victimes afin de dénoncer les violences systémiques du milieu et leur mécanisme de silenciation. Mais les enquêtes sont longues et les exposent à des plaintes en diffamation, les forçant à attendre la fin des procédures judiciaires pour révéler publiquement les preuves dont elles disposent.

Mais alors que faire ? 

  1. Multiplier les espaces d’expression pour les victimes en prévoyant des référent·es VHSS - extérieur·es aux structures théâtrales et donc non subordonné·es à la direction.
  2. Ne pas laisser les directeurs de théâtre se substituer à la justice en établissant des protocoles clairs pour éviter les sanctions symboliques (comme une déprogrammation ponctuelle) qui banalisent les violences.
  3. Dans les contrats, prévoir de suspendre les accusés au cours des enquêtes  et de dédommager les tiers  en mettant en place des assurances pour éviter que l’annulation d’un spectacle ne précarise d’autres membres des compagnies.

Et vous spectateur·ices :

Boycotter les spectacles liés à des personnes accusées car si les salles se vident les choses changeront ! Mais attention aux théâtres qui programment des spectacles dénonçant les violences sexuelles, tout en refusant d’agir concrètement face à des accusations visant leur personnel... Ce sont-là les pires dégoûtants, capables de capitaliser sur une violence qu'ils exercent eux-mêmes...

Pour aller plus loin :

- Le podcast de Dramathis L'heure du thé : Les violences sexistes et sexuelles sur un plateau, sur lequel je me suis appuyée.

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